Un appel à la participation et au dialogue « entre toutes les parties » a marqué le premier sommet international pour la paix en Ukraine, qui s’est tenu ce week-end à Genève en l’absence de la Russie. Forte du soutien de la très grande majorité des participants, la déclaration finale réaffirme également « les principes de souveraineté, d’indépendance et d’intégrité territoriale de tous les États, y compris l’Ukraine ».
Un message fort. La vaste majorité des pays réunis au premier sommet pour la paix en Ukraine ont réitéré leur soutien à l’indépendance et la souveraineté territoriale de l’Ukraine tout en reconnaissant que la Russie devra être partie prenante des discussions pour arriver « à une paix durable et juste ».
Mais le sommet à peine terminé, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que la Russie et ses dirigeants – Vladimir Poutine a exigé de facto une capitulation de Kiev pour toute négociation – « ne sont pas prêts à une paix juste ».
La Russie peut négocier la paix « demain, si elle se retire de notre territoire », a insisté Volodymyr Zelensky, lors d’un point de presse à l’issue de cette conférence qui a rassemblé des dirigeants de plus 90 pays dans un complexe hôtelier de luxe du centre de la Suisse.
Plus de deux ans après l’invasion russe, la très grande majorité de la centaine de participants rassemblés depuis samedi dans un complexe hôtelier au centre de la Suisse est parvenue à s’entendre sur un communiqué final dessinant des pistes pour mettre fin au plus grand conflit armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
« Souveraineté, indépendance et intégrité territoriale »
Mais la question de « comment et quand impliquer la Russie » reste ouverte, a reconnu la présidente de la Confédération helvétique et hôte du sommet, Viola Amherd. « Il faudra trouver une méthode permettant » à la Russie et à la Chine « de se joindre à ces délibérations », a renchéri à ses côtés le président ghanéen Nana Akufo-Addo.
Selon un décompte diffusé sur un écran officiel en salle de presse, environ 80 pays soutiennent la déclaration finale. Le Brésil, l’Inde et l’Arabie saoudite, notamment, n’en faisaient pas partie en début d’après-midi.
Le chef de la délégation indienne, Pavan Kapoor, a souligné que la paix ne pouvait être obtenue qu’en « amenant les deux parties au conflit à un engagement sincère ».
Le texte réaffirme « les principes de souveraineté, d’indépendance et d’intégrité territoriale de tous les États, y compris l’Ukraine ». Il dénonce « la militarisation de la sécurité alimentaire » et appelle au retour des enfants ukrainiens déportés par la Russie.
Il appelle aussi « à impliquer toutes les parties » au conflit pour faire cesser les hostilités, alors que la Russie et son allié chinois ont snobé ce premier sommet.
Pékin a choisi de ne pas y participer en raison de l’absence de Moscou. Mais Volodymyr Zelensky a assuré dimanche que son pays n’était « pas l’ennemie » de la Chine, en réponse à une question sur ses relations avec Pékin.
« L’Ukraine n’a qu’un seul ennemi : Poutine », a-t-il martelé.
Pas un « ultimatum »
« Nous savons que la paix en Ukraine ne sera pas obtenue en un coup. C’est un chemin à parcourir. Ce (sommet) n’était pas une négociation de paix. Parce que Poutine ne veut pas sérieusement mettre fin à la guerre », a souligné dimanche la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Le président ukrainien a expliqué que le sommet serait suivi de réunions au niveau technique et ministériel, avant un second sommet de paix « pour mettre fin à cette guerre et avoir une paix juste et durable ». Son objectif est de fédérer la communauté internationale autour d’une proposition de paix qui pourrait être présentée à Moscou.
Le sommet s’est tenu alors que l’Ukraine est en difficulté sur le plan militaire. L’appel à la reddition lancé la veille du sommet par le président Vladimir Poutine a toutefois été rejeté sèchement par une majorité des participants.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé dimanche que l’Ukraine devrait « réfléchir » à la proposition du président russe, assurant qu’il ne s’agissait pas d’un « ultimatum » mais « d’une initiative de paix qui tient compte des réalités du terrain ».
Les discussions en Suisse se sont basées sur les points communs entre le plan de paix en dix points du président Zelensky présenté fin 2022 et les résolutions de l’ONU sur la guerre qui ont bénéficié d’un large soutien.
Le succès diplomatique du sommet vient s’ajouter au déblocage de l’aide militaire américaine, après des mois de tergiversation, et d’un prêt de 50 milliards de dollars garanti par les avoirs russes gelés.
Faire revenir les enfants « déportés »
Dimanche, les délégations se sont réparties en plusieurs groupes de travail sur des sujets pressants : la sécurité nucléaire, la sécurité alimentaire mondiale, notamment en assurant la liberté de navigation en mer Noire, et aspects humanitaires.
Le communiqué final exige la libération « par échange complet » des prisonniers de guerre, mais aussi « de tous les enfants ukrainiens déportés et illégalement déplacés ».
« Nous avons vu environ 20 000 enfants ukrainiens enlevés à leur famille, à leur communauté et à leur pays. C’est terrifiant de dire cela, et comment le monde peut-il tourner le dos ? », s’est indigné le Premier ministre irlandais Simon Harris.
La sécurité alimentaire
Les discussions sur la sécurité alimentaire ont porté sur la crise de la production et des exportations agricoles, qui a créé un choc alimentaire et inflationniste au début de la guerre, l’Ukraine étant l’un des greniers à céréales du monde.
Le communiqué final souligne que « la sécurité alimentaire ne doit être en aucune manière être militarisée » et qu’il faut garantir la liberté de navigation sur la mer Noire et la mer d’Azov.
Les discussions portaient non seulement sur les destructions de terres fertiles, mais également sur les risques posés par les mines et les munitions non explosées.
« Trouver une solution politique en Ukraine reste crucial pour stabiliser les prix alimentaires sur le marché mondial », a souligné la Suisse.