Face à l’incertitude géopolitique et à la menace d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la Chine a adopté une stratégie d’accumulation massive de ressources. Tel un écureuil prévoyant avant un hiver rigoureux, Pékin amasse frénétiquement des stocks de matières premières essentielles. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, les importations chinoises de ces ressources ont bondi de 16%, suivies d’une nouvelle hausse de 6% depuis janvier 2024.
Cette boulimie d’achats ne correspond en rien à une augmentation de la consommation intérieure. Au contraire, la population chinoise, confrontée à un ralentissement économique, voit son pouvoir d’achat s’éroder.
L’ampleur de cette politique de stockage est impressionnante. Les satellites ont repéré une expansion significative des capacités de stockage chinoises, tant pour le pétrole que pour le gaz naturel.
D’ici 2030, le pays devrait pouvoir entreposer pas moins de 85 millions de mètres cubes de gaz. Sur le front alimentaire, la Chine ne lésine pas non plus : selon les projections du département américain de l’Agriculture, elle devrait détenir 51% de la production mondiale de blé d’ici la fin de la saison.
Cette accumulation vertigineuse soulève des inquiétudes quant à son impact potentiel sur l’inflation mondiale et ses implications géopolitiques à long terme.
La frénésie d’achats de la Chine s’explique en grande partie par sa dépendance extrême aux importations dans des secteurs clés.
Telle une usine géante dépourvue de matières premières, le pays doit s’approvisionner massivement à l’étranger pour alimenter son appareil productif.
Le cas du cobalt, indispensable à la fabrication des smartphones, est emblématique : 97% des besoins chinois sont couverts par des importations. Le secteur énergétique n’est pas en reste, avec 70% du pétrole consommé provenant de l’étranger.
Mais c’est peut-être dans le domaine alimentaire que la vulnérabilité chinoise est la plus criante. Plus d’un tiers de la nourriture consommée dans le pays est importée, avec une dépendance quasi-totale pour certains produits comme le café, l’huile de palme et les produits laitiers.
Cette situation place Pékin dans une position délicate face à d’éventuelles sanctions ou perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales.