Le 17 septembre 2024, la demande de destitution d’Emmanuel Macron, initiée par la France Insoumise (LFI), a franchi une première étape à l’Assemblée nationale. Le bureau de la chambre basse a jugé recevable la proposition de résolution par 12 voix contre 10, un vote salué comme une victoire symbolique par les députés LFI, bien que la procédure ait très peu de chances d’aboutir. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a qualifié cette avancée de « jour historique », marquant un événement inédit dans la Ve République.
Un soutien limité à gauche
La résolution a reçu l’appui d’une majorité étroite au sein du bureau de l’Assemblée, principalement grâce à l’unité de la gauche, qui inclut les Insoumis, les écologistes, quelques communistes et les socialistes. Cependant, la prise de position du Parti socialiste, longtemps indécise, a basculé en faveur du processus de destitution la veille du vote.
Le texte est désormais transmis à la commission des Lois, qui doit statuer sur sa mise à l’ordre du jour. Pour LFI, cette progression représente un pas symbolique vers la remise en question du pouvoir d’Emmanuel Macron. Ils ont notamment appelé à des manifestations le samedi suivant contre le gouvernement « Macron-Barnier », espérant mobiliser davantage que les précédents défilés du 7 septembre, qui avaient attiré entre 110 000 et 300 000 manifestants selon les sources.
Une issue incertaine
Malgré cette victoire procédurale, la destitution du président Macron reste extrêmement improbable. Le texte de LFI accuse le président d’avoir commis un « manquement grave » en refusant de nommer Lucie Castets comme Première ministre, candidate du Nouveau Front populaire, une coalition de 193 députés, loin de la majorité nécessaire de 289 sièges. Peu de parlementaires partagent cette analyse, ce qui complique la suite du processus.
Le camp présidentiel, par la voix de Gabriel Attal, chef des députés Renaissance, a fermement critiqué la démarche, qualifiant la motion de « déclaration de guerre à nos institutions ». Marine Le Pen, dirigeante du Rassemblement national, a elle aussi rejeté l’initiative, dénonçant une « manœuvre d’enfumage » de l’extrême gauche.
Un échec annoncé
Même au sein de la gauche, les soutiens à cette procédure sont partagés. Les communistes, tout en souhaitant ouvrir le débat, ne soutiendront pas majoritairement la résolution. Quant aux socialistes, ils voteront contre, jugeant que cette tentative, vouée à l’échec, pourrait renforcer la légitimité du chef de l’État. En commission, où la gauche est minoritaire, tout comme à l’hémicycle, l’issue s’annonce défavorable.
Enfin, si le texte parvenait jusqu’au Sénat, dominé par la droite, il est peu probable qu’il obtienne le soutien nécessaire pour passer. La procédure de destitution se heurte à de nombreux obstacles et demeure, pour l’instant, un acte symbolique de contestation politique.
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