Depuis l’arrivée du président Bassirou Diomaye Faye au pouvoir au Sénégal, le vent de changement souffle avec force. Ce dernier, en collaboration avec son Premier ministre Ousmane Sonko, a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités. Mais cette campagne anticorruption est-elle véritablement une quête de justice ou une « chasse aux sorcières » visant les anciens membres du gouvernement de Macky Sall, désormais dans l’opposition ?
Une campagne de reddition des comptes qui frappe fort
Le 4 septembre dernier, Ousmane Sonko annonçait une série de mesures destinées à empêcher certains anciens cadres du régime de Macky Sall de quitter le pays. Cette annonce a été rapidement suivie de faits concrets : Abdoulaye Saydou Sow, ancien ministre de l’Urbanisme et vice-président de la Fédération sénégalaise de football, s’est vu refuser le droit de quitter le territoire pour se rendre à un match international.
Ces actions ne sont pas isolées. Depuis juillet, plusieurs noms circulent dans les médias et sur les réseaux sociaux comme étant les prochaines cibles de cette vaste opération de reddition des comptes. Manar Sall, ancien directeur de Petrosen, et Mamadou Gueye, ancien directeur des impôts, ont également été empêchés de voyager.
Un combat pour la transparence ou une vengeance politique ?
Les soutiens de Macky Sall, aujourd’hui dans l’opposition, dénoncent une « chasse aux sorcières ». Pour eux, il s’agit d’une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, visant à affaiblir d’anciens collaborateurs de Macky Sall et à écarter de potentiels candidats aux prochaines élections législatives de novembre. Des voix s’élèvent également parmi les associations de défense des droits humains, qui demandent que ces procédures se déroulent dans un cadre légal et équitable.
De l’autre côté, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye assurent que leur démarche est guidée par la volonté de rétablir la transparence dans la gestion des finances publiques. Un audit, demandé en juillet, a révélé des « dérapages volontairement cachés » qui ont nui aux finances de l’État.
Un nouveau pool judiciaire pour garantir une justice équitable
Pour encadrer cette lutte, le gouvernement a récemment créé un nouveau pool judiciaire spécialisé dans la lutte contre la corruption et les crimes économiques. Remplaçant l’ancienne Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), cette institution est dotée de moyens accrus et offre la possibilité aux accusés de faire appel, une nouveauté qui rassure certains observateurs. Mais les critiques subsistent : certains accusés n’ont pas encore été formellement inculpés, ce qui suscite des interrogations quant à la légalité des mesures restrictives.
Un avenir politique incertain pour l’ex-régime
La lutte anticorruption au Sénégal semble plus que jamais être un enjeu politique majeur. Alors que les anciens membres du régime de Macky Sall se retrouvent dans le collimateur des nouvelles autorités, les tensions montent à l’approche des élections législatives. Aminata « Mimi » Touré, ancienne Première ministre, a récemment appelé Amadou Ba, ancien ministre des Finances, à rendre des comptes sur sa gestion passée.
Le peuple sénégalais, quant à lui, semble partagé. Si certains soutiennent l’idée que la transparence est indispensable, d’autres redoutent que cette campagne ne soit qu’une manière de neutraliser l’opposition. Reste à savoir si cette quête de justice pourra être menée dans un cadre impartial et respectueux des droits de chacun.
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