Steve Amoussou, également connu sous le pseudonyme de Frère Hounvi, est un cyberactiviste béninois reconnu pour ses critiques acerbes envers le gouvernement béninois, notamment à travers des publications sur les réseaux sociaux. Il a été arrêté le 12 août 2024 à Lomé, au Togo, et transféré au Bénin où il doit comparaître devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) le 7 octobre 2024. Mais contrairement aux premières raisons évoquées, c’est plutôt une affaire d’escroquerie de 10 millions qui a conduit à son arrestation.
Les accusations portées contre Steve Amoussou incluent l’outrage au chef de l’État, la diffamation, la dénonciation calomnieuse, ainsi que la provocation directe à la rébellion et la publication de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux. Son arrestation et son extradition ont suscité des critiques de plusieurs acteurs politiques qui ont dénoncé une violation du droit international, en particulier en ce qui concerne la protection des réfugiés et la liberté d’expression.
L’affaire a également engendré des tensions diplomatiques entre le Togo et le Bénin, en raison des circonstances entourant son arrestation et son transfert forcé. Steve Amoussou, qui a été exilé au Togo depuis 2019, a porté plainte contre ses ravisseurs présumés, affirmant avoir été enlevé et ramené de force au Bénin.
Présenté devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), Steve Amoussou a livré un récit poignant de son enlèvement à Lomé, au Togo, le 12 août 2024. Il a identifié certains de ses ravisseurs présumés, notamment Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi, tandis que d’autres, comme Ouanilo Medégan Fagla, directeur du Centre national des investigations numériques, sont mentionnés sans identification formelle. Malgré la gravité des accusations, les prévenus ont plaidé non coupable, niant toute implication dans le kidnapping.
Une affaire de 10 millions
A en croire les faits relatés à la barre par les prévénus, une affaire d’escroquerie serait à l’origine de l’arrestation de ce dernier. En Effet, à la barre, Jimmy Gandaho affirme avoir été sollicité par Marcellin Ayi, un Béninois résidant en Indonésie, pour retrouver Steve Amoussou, qui lui devait une somme de 10 millions de francs CFA. Selon lui, lors de leur rencontre à Lomé, Amoussou aurait refusé de s’expliquer, ce qui aurait entraîné une altercation et son arrestation. Gandaho maintient que Ouanilo Medegan Fagla n’était pas impliqué dans cet incident.
De son côté, Steve Amoussou raconte une tout autre version des faits. Il décrit avoir été abordé par quatre individus, dont deux étaient cagoulés, avant d’être contraint de monter dans un véhicule. Amoussou affirme avoir reconnu Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi parmi ses agresseurs, mais pas Ouanilo Medegan Fagla.
Devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), le procureur spécial Mario Metonou a requis la relaxe de Ouanilo Medegan Fagla au bénéfice du doute, estimant qu’il n’y avait pas de preuve suffisante pour l’impliquer. En revanche, il a qualifié Jimmy Gandaho de principal instigateur de l’arrestation illégale de Steve Amoussou, demandant des peines de prison pour Gandaho et Gbaguidi.
Les avocats de la défense ont plaidé pour l’acquittement de leurs clients, arguant de leur non-implication ou minimisant leur rôle. De son côté, l’avocat de Steve Amoussou, Maître Baparape, a réclamé des sanctions exemplaires pour décourager de telles pratiques.
Dans son verdict, le juge a relaxé Ouanilo Mèdégan Fagla au bénéfice du doute. Par contre, Géraud Gbaguidi et et Jimmy Gandaho ont été condamnés à 24 mois de prison dont 12 fermes pour arrestation illégale du sieur Steve Amoussou à Lomé au Togo.