Six (06) mois après le décès de l’étudiant Théophile Dieu-Donné Djaho, Habib Ahandéssi a déposé un recours devant la cour constitutionnelle ce lundi 02 novembre 2020.
Suite à la mort par balles de l’étudiant Théophile Dieu-Donné Djaho au campus universitaire d’Abomey-Calavi, le tonitruant jeune opposant Habib Ahandéssi est passé à l’offensive. Dans un recours déposé ce lundi à la cour constitutionnelle, Habib Ahandéssi, président du mouvement socialiste révolutionnaire et membre de l’Union Sociale Libérale (USL), dénonce la violation des articles 15, 19, 34, 35 et 41 de la Constitution par le Président de la République et le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique.
“En vertu des articles 3 et 122 de la Constitution béninoise, nous demandons à la Haute Juridiction de déclarer contraire aux articles 15, 19, 34, 35 et 41 de la Constitution béninoise, l’usage disproportionné de la force publique et le silence du Président de la République et du Ministre de l’Intérieur après les événements survenus à l’Université d’Abomey-Calavi le 24 mars 2020 ayant occasionné le décès de l’étudiant Théophile Dieudonné DJAHO, abattu à balle réelle”
Habib Ahandéssi
Faire interpeller les auteurs des violations
Pour Habib Ahandéssi, en tant que citoyens chargés d’une fonction publique, le Ministre de l’Intérieur et le Président de la République avaient le devoir constitutionnel de tout mettre en œuvre pour prévenir les atteintes aux droits fondamentaux, de les dénoncer et de faire interpeller les auteurs des violations.
“Par leur défaillance, ils ont méconnu les articles 15, 19, 34, 35 et 41 de la Constitution”, peut-on lire dans le recours, dont des exemplaires sont parvenus à la rédaction de BENIN WEB TV. A en croire le plaignant, “lorsqu’un crime aussi épouvantable est commis, les responsables sont interpellés, la justice est rendue”. Or, dit-il, à ce jour, les auteurs de ces violations n’ont pas été interpellés.
C’est pourquoi, Habib Ahandéssi demande à la Cour de déclarer contraire à la Constitution, l’usage disproportionné de la force publique autorisée, indique-t-il, par le Ministre de l’Intérieur, de dire que Ministre de l’Intérieur a violé les articles 15, 19, 34 et 35 de la Constitution et que le Président de la République a méconnu les articles 15, 19, 34, 35 et 41 de la Constitution.
Mort par balles de Théophile Djaho
Pour rappel, Théophile Dieu-donné Djaho, étudiant en première année de géographie, a été touché par balles à l’Université d’Abomey-Calavi le 24 mars 2020. Tout est parti de la volonté des étudiants de sauver leurs vies et de lutter contre la propagation de la covid-19. Ainsi, la Fédération nationale des étudiants du Bénin (FNEB) avait annoncé la veille, soit le 23 mars, la suspension des cours. Le lendemain, les étudiants ont envahi les amphithéâtres pour faire respecter le mot d’ordre: la suspension.
Les responsables étudiants vidaient les amphithéâtres, quand la police a arrêté trois parmi eux. C’est donc l’arrestation de ces étudiants qui a provoqué l’affrontement à la suite d’une mobilisation pour exiger la libération de leurs camarades. Dans la foulée, Théophile Djaho aurait été abattu alors qu’il fuyait les éléments de la police républicaine.
Selon les témoins, l’étudiant n’a pas résisté longtemps à la balle reçue. Il était déjà mort avant son transfert à l’hôpital. Les étudiants arrêtés lors de la manifestation ont été par la suite libérés.
Boni Yayi dénonce une bavure anti-démocratique
Dans un tweet, l’ancien président Boni Yayi a dénoncé la mort de l’étudiant qu’il qualifie de bavure “anti-démocratique”. Par la même occasion, il a présenté ses condoléances à la famille éplorée. “Un étudiant abattu par la police béninoise pour avoir réclamé le confinement du monde universitaire face à la propagation du COVID-19. En ma qualité d’ancien Président, je condamne cette bavure anti-démocratique. Mes Condoléances à la famille de la victime”, a-t-il écrit sur son compte Twitter.
La mise au point du gouvernement
Selon Alain Oroula, lors d’une conférence de presse animée le vendredi 03 avril 2020, le gouvernement est informé de la mort de l’étudiant Théophile Djaho. D’après lui, pour le moment, le gouvernement ne peut prendre position sur ces drames sans le rapport des investigations en cours.
“Nous avons appris ces informations. Des investigations sont en cours. On veut savoir exactement dans quelles circonstances ces drames sont survenus avant que le gouvernement ne prenne une position. On ne peut pas parler de choses dont on n’a pas connaissance”
Alain Oroula, Porte-parole du gouvernement.
Pour Alain Orounla, ce qui se dit à travers les réseaux sociaux, par des personnes qui ne sont pas qualifiées, n’est pas conforme à la réalité. Il souligne que la réalité résulte des investigations qui sont en cours et qui permettront de déterminer exactement ce qui s’est passé.