BENIN: Une nouvelle reforme par Pr TALON (3)

Patrice Talon franchit-elle une nouvelle étape avec la promulgation d’une loi réformant la Commission béninoise des droits de l’Homme (CBDH) ? Cette évolution législative, fruit d’un long processus de réflexion et de débats, vise à renforcer l’indépendance et l’efficacité de cette institution clé.

Bénin : Une nouvelle loi pour une Commission des droits de l’homme plus performante

Adoptée par l’Assemblée nationale le 19 juin 2024 avec 81 voix pour et 28 contre, la réforme sur la Commission béninoise des droits de l’homme (CBDH) marque un tournant dans la protection des droits humains au Bénin. Entérinée par le président Patrice Talon après l’aval de la Cour constitutionnelle, cette loi redessine les contours de la CBDH en réorganisant sa composition, en durcissant les critères de sélection et en introduisant de nouvelles thématiques.

Une Commission plus restreinte et compétente

La principale modification introduite par cette loi est la réduction du nombre de membres de la CBDH. De 11, ils passent désormais à 7. Cette « cure d’amaigrissement » ne signifie pas une baisse de compétences, bien au contraire. L’objectif est d’assembler une équipe plus experte et plus complémentaire. Un enseignant universitaire siégera désormais aux côtés d’un avocat chevronné, un médecin collaborera avec un spécialiste des questions pénitentiaires. Ce mélange de compétences permettra à la Commission de mieux appréhender les enjeux des droits humains, alliant théorie et pratique.

Une spécialisation thématique des commissaires

La loi va encore plus loin en intégrant des professionnels spécialisés dans des domaines clés. Un expert des droits des personnes handicapées et vulnérables, un défenseur des droits des femmes et un spécialiste de la protection de l’enfance viendront compléter l’équipe. Cette diversité d’expertises vise à garantir que la défense des droits humains au Bénin couvre toutes les thématiques, sans laisser de zone d’ombre.

Vers un processus de sélection transparent et indépendant

L’une des innovations majeures de cette réforme concerne le processus de nomination des commissaires. Jusqu’ici opaque, ce processus devient transparent et impartial. Un comité ad hoc, composé de représentants des trois pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif), sera désormais en charge de piloter la sélection. Ce mécanisme vise à garantir un équilibre institutionnel, éliminant ainsi toute suspicion de favoritisme ou d’influence politique.

De plus, l’appel public à candidatures, un élément central de cette nouvelle procédure, ouvre la compétition à un large éventail de candidats. Ce système fondé sur le mérite et l’expertise devrait renforcer la légitimité de la CBDH aux yeux du public et de ses partenaires internationaux.

Renforcement de l’indépendance et de la crédibilité de la CBDH

La réforme ne se contente pas de réorganiser la composition de la CBDH, elle vise aussi à renforcer l’indépendance de ses membres vis-à-vis du pouvoir exécutif. La prestation de serment des commissaires devant la Cour suprême souligne la solennité de leur mission et leur engagement à respecter les droits humains de manière impartiale.

En adoptant cette réforme, le Bénin s’aligne sur les Principes de Paris, qui définissent les standards internationaux pour les institutions nationales des droits de l’Homme. Cette mise en conformité pourrait permettre à la CBDH de décrocher une accréditation par l’Alliance globale des institutions nationales des droits de l’Homme, une reconnaissance internationale qui renforcerait son influence.

Une politique des droits humains plus ambitieuse

Au-delà des changements structurels, cette réforme illustre une volonté politique claire : faire des droits humains une priorité nationale. Depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon, plusieurs critiques ont été émises concernant les droits fondamentaux au Bénin. Cette loi vise donc à répondre à ces préoccupations en dotant la CBDH des moyens nécessaires pour devenir une institution plus crédible et efficace.

Cependant, le véritable défi reste à venir : traduire ces réformes législatives en actions concrètes pour les citoyens béninois. La réussite de cette réforme sera mesurée à l’aune des avancées réelles en matière de droits humains au Bénin, véritable baromètre de son succès.

Conclusion

La nouvelle loi sur la CBDH représente une étape importante dans l’amélioration de la défense des droits humains au Bénin. En redéfinissant la composition, en renforçant l’indépendance et en intégrant des experts spécialisés, cette réforme témoigne de l’engagement du gouvernement béninois à améliorer la situation des droits humains dans le pays. Reste à voir si cette ambitieuse refonte se traduira par des résultats concrets pour les citoyens.

 

Herctor Nouvissi

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Rédacteur en Chef

Cosme Assiogbé

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