Depuis le 24 septembre 2024, l’actualité au Bénin est marquée par des accusations de tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon. Parmi les personnalités impliquées figurent Oswald Homéky, ancien ministre des Sports, et Olivier Boko, proche allié du président. Cette affaire suscite de nombreuses réactions au sein de la population béninoise, particulièrement à Cotonou et Abomey-Calavi.
Une opposition générale aux coups d’État
Interrogés sur cette tentative de renversement, de nombreux Béninois ont exprimé leur refus catégorique de voir leur pays basculer dans un coup d’État. Pour Emmanuel Fagni, enseignant à Abomey-Calavi, il est inconcevable de remettre en cause les acquis démocratiques du Bénin, en place depuis la conférence des forces vives de la nation en 1990. « Pourquoi renverser un président en fin de mandat ? » se demande-t-il, soulignant l’importance de maintenir la stabilité et de respecter les échéances électorales.
Un collègue de Fagni, qui a souhaité garder l’anonymat, qualifie l’affaire de « grand complot ». Selon lui, les personnalités incriminées, bien qu’étroitement liées à Talon, devraient s’orienter vers une candidature légitime plutôt que vers un coup de force. Ce point de vue est partagé par Richard, technicien en froid et climatisation, qui rappelle l’ancienne proximité entre Talon et Boko. Il craint que cette situation ne soit révélatrice de tensions sous-jacentes, tout en appelant au respect de la paix.
Des doutes sur les motivations réelles
Certains citoyens, comme Régis, étudiant en droit, estiment que les tensions politiques pourraient être liées à la perspective des élections de 2026. « Si Olivier Boko en arrive à monter un plan de coup d’État, c’est qu’il sait que le chef de l’État ne veut pas partir en 2026 », avance-t-il. Ce sentiment est renforcé par Valentin, conducteur de taxi-moto, qui voit dans cette affaire une trahison typiquement béninoise.
Esther, coiffeuse à Cotonou, exprime son désarroi face aux manœuvres politiques : « Les élections approchent et ils veulent une fois encore bluffer le peuple. » Pour elle, les véritables perdants sont toujours les citoyens, pris en otage par des luttes de pouvoir.
Un appel à la justice impartiale
La justice joue un rôle central dans cette affaire. Les deux accusés, Homéky et Boko, ont été placés sous mandat de dépôt et inculpés pour « atteinte à la sûreté de l’État », « blanchiment de capitaux » et « corruption d’agent public » par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Les Béninois appellent à une gestion équitable du dossier. Géraud, technicien informatique, insiste sur la nécessité d’un traitement impartial de cette affaire, sans favoritisme pour les proches du président.
Clément, jeune ingénieur, rappelle que ce n’est pas la première fois que des accusations de coup d’État éclatent sous le régime Talon. « Que la lumière soit faite, et si leur culpabilité est vraiment établie, qu’ils soient condamnés », conclut-il, résumant le sentiment général d’attente et de justice parmi la population.