Cotonou, 1er octobre 2024 – Une affaire complexe d’escroquerie impliquant un homme d’affaires a conduit à la comparution de quatre magistrats, mardi dernier, devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) au Bénin. Cette affaire met également en lumière les actions de deux intermédiaires, dont une restauratrice, accusés d’avoir tenté de manipuler le système judiciaire en vue de libérer un détenu moyennant finance.
Contexte de l’Affaire : L’Homme d’Affaires et la Commande non Livrée
Les faits remontent à décembre 2022. Un homme d’affaires avait été incarcéré pour ne pas avoir livré une commande pour laquelle il avait perçu une avance de 85 millions de FCFA. Ce dernier, contestant le montant de l’avance, a finalement admis avoir reçu 60 millions de FCFA. Cherchant à obtenir une liberté provisoire, il aurait contacté une restauratrice, résidant en Allemagne, pour obtenir de l’aide. Cette restauratrice aurait tenté de solliciter l’aide de certains magistrats qu’elle connaissait, à l’insu de l’homme d’affaires.
Des Intermédiaires Sous Surveillance : Une Tentative de Corruption?
Pour négocier la libération, l’avocat contacté aurait demandé 5 millions de FCFA en honoraires, une somme jugée trop élevée par la femme de l’homme d’affaires. C’est ainsi que la restauratrice est intervenue, demandant à la femme de l’accusé de verser 4 millions de FCFA, somme destinée, selon l’accusation, à influencer des magistrats.
L’accusation a également révélé que la restauratrice avait secrètement enregistré une conversation avec l’un des magistrats mis en cause, tentant de prouver ses démarches auprès des autorités judiciaires. Cependant, la tentative s’est soldée par une réponse claire du magistrat, qui lui a demandé d’« oublier cette affaire ».
Réaction des Magistrats : Plaidoyers et Défense
Lors de leur comparution, les quatre magistrats ont plaidé non coupables. Ils ont nié toute implication, affirmant qu’ils n’ont jamais accepté d’argent ni consommé le repas qui leur aurait été offert par la restauratrice. De leur côté, les deux intermédiaires ont également rejeté les accusations de corruption, précisant que la restauratrice n’avait pas eu d’intention malveillante derrière les services rendus, notamment la livraison de repas.
Le magistrat impliqué dans les négociations avec le ministère public a déclaré qu’il n’a jamais demandé de l’argent directement. Toutefois, selon l’accusation, des preuves extraites de son téléphone ont révélé un intérêt pour l’argent, ce qui a suffi à le condamner pour « abus de fonctions ».
Verdict de la Cour : Peines et Relaxation
Après une audience chargée de tension, le ministère public a requis des peines sévères pour certains prévenus, tout en plaidant la relaxe pour d’autres. Finalement, la Cour a suivi ces réquisitions :
- Les trois magistrats en fonction au tribunal de Cotonou ont été relaxés, faute de preuves suffisantes.
- Le magistrat du ministère de la justice a été condamné à 24 mois de prison ferme et 2 millions de FCFA d’amende pour « abus de fonctions ».
- La restauratrice et l’ami de l’homme d’affaires ont écopé de 24 mois de prison ferme et 2 millions de FCFA d’amende chacun pour escroquerie.
Selon la décision rendue par la Cour, les prévenus seront libérés avant la fin de l’année 2024, ayant déjà purgé la majeure partie de leur peine.
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