Choc : Mali / Al-Qaïda revendique une attaque inédite à Bamako (3)

Le Mali, déjà en proie à une insécurité chronique due à la propagation jihadiste depuis plus d’une décennie, a été le théâtre d’une attaque audacieuse et inédite le 17 septembre 2023, menée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda. Des hommes armés ont ciblé une école de gendarmerie ainsi qu’une base aérienne à Bamako, causant plusieurs pertes humaines et matérielles. Cette offensive marquante intervient alors que la capitale malienne avait été relativement épargnée par la violence jihadiste ces dernières années.

Mali : Attaque Jihadiste à Bamako,
Mali : Attaque Jihadiste à Bamako,

Une attaque coordonnée et audacieuse

Les assaillants ont frappé à l’aube, prenant temporairement le contrôle de zones stratégiques, dont l’aéroport international de Bamako. Les images diffusées par les canaux de propagande du JNIM montrent des combattants armés déambulant dans l’aéroport, tirant dans les vitres du pavillon présidentiel et incendiant des appareils, dont certains semblaient appartenir à la flotte officielle malienne. Des colonnes de fumée épaisse s’élevaient du hangar de l’avion présidentiel, témoignage des destructions causées par l’attaque.

Selon un communiqué du JNIM, l’opération avait pour objectif l’aéroport militaire ainsi que le centre d’entraînement des gendarmes maliens. Ils revendiquent la destruction de plusieurs avions militaires et font état de « lourdes pertes humaines ». Bien que les autorités maliennes aient rapidement repris le contrôle de la situation, l’armée a confirmé dans la soirée la perte de plusieurs élèves-gendarmes ainsi que des dégâts importants dans la zone aéroportuaire.

Une capitale en état de siège

Tout au long de la journée, la situation est restée confuse à Bamako. Les combats se sont poursuivis dans l’après-midi, avec des échanges de tirs nourris près de l’aéroport. Des sources sécuritaires ont rapporté l’utilisation de lance-roquettes par les assaillants, ajoutant à la violence de l’attaque. Des vidéos non vérifiées circulant sur les réseaux sociaux ont montré des corps calcinés, sans qu’il soit possible de déterminer s’il s’agissait d’assaillants ou de gendarmes.

L’état-major malien a toutefois insisté sur le fait que « la situation a rapidement été maîtrisée », précisant que les sites attaqués étaient désormais sous contrôle. La télévision nationale a diffusé des images d’une vingtaine de prisonniers, les mains liées et les yeux bandés, vraisemblablement des assaillants capturés lors de l’opération militaire de riposte.

Une attaque qui remet en question la sécurité à Bamako

Cette attaque survient dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu pour le Mali. Depuis 2012, le pays est plongé dans une spirale de violence déclenchée par des rébellions séparatistes et l’expansion des groupes jihadistes, d’abord dans le nord, puis dans le centre du pays. Bien que certaines régions du Mali soient quotidiennement touchées par des attaques, Bamako avait été largement épargnée depuis 2016, année d’une attaque visant un hôtel abritant une mission européenne.

Cependant, l’attaque de mardi à Bamako, couplée à d’autres offensives récentes dans le pays, met en lumière les défis que continue de poser la lutte contre les jihadistes pour les autorités maliennes. Ces dernières, dirigées par une junte militaire depuis deux coups d’État successifs en 2020 et 2021, affirment régulièrement avoir inversé la tendance face aux groupes terroristes. Néanmoins, cette attaque audacieuse remet en question l’efficacité de leur stratégie de sécurité.

Un contexte politique et sécuritaire en mutation

Le Mali a pris ces dernières années un virage géopolitique significatif en rompant ses alliances traditionnelles avec la France et ses partenaires européens. Le gouvernement de transition s’est tourné vers la Russie pour obtenir un soutien militaire et diplomatique, notamment par le biais de la société paramilitaire Wagner. Cette réorientation stratégique a abouti à l’expulsion des forces de l’ONU (Minusma) et au retrait du pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), jugée trop alignée sur les positions de l’ancienne puissance coloniale française.

L’attaque de Bamako rappelle que, malgré ces changements, la menace jihadiste reste omniprésente, même dans les zones jusqu’alors considérées comme sécurisées. Elle met en lumière la fragilité de la capitale malienne, symbole du pouvoir, face à des groupes jihadistes qui semblent prêts à intensifier leurs opérations.

L’assaut coordonné sur Bamako par le JNIM constitue une escalade inquiétante de la violence au Mali. Cette attaque, inédite par son ampleur dans la capitale, met en lumière la résilience des groupes jihadistes et la difficulté pour les autorités maliennes à sécuriser le pays, même dans ses zones les plus symboliques. À l’heure où le Mali cherche à redéfinir ses alliances et à stabiliser son territoire, cette offensive constitue un rappel brutal des défis sécuritaires colossaux auxquels il doit encore faire face.

Herctor Nouvissi

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Cosme Assiogbé

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