Choc Niger : Fin du retrait des troupes américaines (11)

Le 16 septembre 2024, le commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) a officiellement annoncé la fin du retrait des forces américaines du Niger, clôturant ainsi une présence militaire qui avait joué un rôle crucial dans la lutte contre le djihadisme au Sahel. Ce retrait, mené à la demande du régime militaire nigérien en place depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, s’est déroulé sans complications, selon les sources officielles.

Niger : l'armée américaine annonce avoir achevé son retrait
Niger : l’armée américaine annonce avoir achevé son retrait

Une présence stratégique qui s’achève

Pendant plusieurs années, le Niger avait été un pilier central des opérations antidjihadistes menées par les États-Unis et la France dans la région du Sahel. Face à la montée des violences djihadistes et aux instabilités politiques dans les pays voisins comme le Mali et le Burkina Faso, le Niger avait offert une base solide aux forces occidentales pour contrer ces menaces. Cependant, le paysage politique a radicalement changé avec l’arrivée au pouvoir d’une junte militaire après le renversement du président Mohamed Bazoum.

Le coup d’État a rapidement entraîné des tensions avec les partenaires internationaux du Niger. Le nouveau régime, cherchant à affirmer son indépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales et de leurs alliés, a renforcé ses liens avec les régimes militaires au Mali et au Burkina Faso. Ensemble, ils ont formé l’Alliance des États du Sahel, une confédération unissant les trois nations dans une dynamique politique et sécuritaire commune.

La fermeture des bases et le retrait progressif

Le retrait américain avait débuté en mai 2024, après que le gouvernement nigérien eut dénoncé l’accord de coopération militaire signé avec les États-Unis. La dernière base américaine, située à Agadez, avait été fermée dès le mois d’août. Seule une petite équipe d’une vingtaine de militaires était restée sur place pour finaliser le retrait des équipements.

Selon le général Kenneth Ekman, haut responsable de l’Africom, ce retrait s’est effectué dans un climat respectueux et pacifique. « Nous avons complètement honoré leur souveraineté. Ils nous ont demandé de partir, nous nous sommes exécutés et nous l’avons fait pacifiquement et respectueusement », a-t-il déclaré. Il a également ajouté que les États-Unis restaient ouverts à une future collaboration sécuritaire avec le Niger, mais que toute discussion sur le sujet serait reportée jusqu’à ce que le retrait soit pleinement achevé.

Un impact sur la lutte antidjihadiste

Le départ des troupes américaines du Niger représente un tournant majeur dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Avec l’éviction des forces occidentales, y compris les Français, la région risque de voir un vide sécuritaire, alors que les groupes djihadistes, notamment affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, continuent de sévir. Toutefois, le régime nigérien semble privilégier des approches alternatives, en renforçant les collaborations avec ses voisins sahéliens.

Malgré ce départ, les États-Unis ont tenu à souligner qu’ils partageaient toujours des objectifs sécuritaires avec le Niger. La possibilité d’une coopération future reste ouverte, selon le général Ekman, qui a insisté sur la nécessité d’écouter les besoins du Niger dans ce domaine avant de définir la nature des relations à venir.

Un retrait dans un contexte plus large

Le retrait des forces américaines s’inscrit dans une dynamique plus large de désengagement des puissances occidentales dans la région, illustrée également par le départ des troupes allemandes de la base militaire de Niamey fin août. Le paysage sécuritaire du Sahel est ainsi en pleine recomposition, alors que les pays de l’Alliance des États du Sahel cherchent à assumer eux-mêmes la gestion des défis sécuritaires de la région, sans le soutien direct des anciennes puissances coloniales.

Alors que les États-Unis mettent fin à leur mission au Niger, une ère de collaboration internationale intense dans la région semble s’achever, laissant place à une nouvelle phase d’incertitude quant à l’avenir de la lutte contre le djihadisme au Sahel.

Herctor Nouvissi

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Cosme Assiogbé

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