L’homme d’affaires israélien est sous sanctions des Etats-Unis pour avoir signé avec Kinshasa des « contrats miniers et pétroliers opaques et entachés de corruption ».
Le sulfureux homme d’affaires israélien Dan Gertler, sous sanctions américaines pour corruption à grande échelle présumée, s’est livré à une très rare et étrange prise de parole, lundi 16 novembre à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), où il est accusé d’avoir sous-estimé la valeur d’actifs miniers sous le régime du président Joseph Kabila.
Dans le viseur de nombreuses ONG, cité dans les « Panama Papers » en 2016, Dan Gertler est sous sanctions du Département d’Etat américain depuis décembre 2017 pour avoir signé des « contrats miniers et pétroliers opaques et entachés de corruption ». Washington l’accuse d’avoir fait perdre à la RDC 1,36 milliard de dollars (environ 1,15 milliard d’euros) de recettes fiscales dans les années 2010, à l’époque de l’ex-président Kabila, dont il était un proche. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment exigé de la RDC « la transparence des contrats miniers » en préalable à toute négociation pour un prochain programme d’aide.
« C’est leur cuivre, c’est leur cobalt »
Lundi, des journalistes ont été invités à une prise de parole sans précédent du milliardaire israélien. A l’arrivée, les organisateurs ont juste diffusé une vidéo de Dan Gertler préenregistrée en anglais, sans aucune réponse sur les accusations portées contre lui. Il a vanté son investissement de 166 milliards de francs congolais (70 millions d’euros) dans un projet minier au Katanga, Métalkol. « Au début de l’année prochaine, les dividendes de cette mine vont commencer à être distribués. C’est la première fois que vous, frères et sœurs, allez profiter de la richesse de ce pays », a-t-il lancé avec emphase, avant d’encourager les autres sociétés minières à en faire autant : « Partagez avec nos frères et sœurs de la RDC. C’est leur cuivre, c’est leur cobalt, en plus des impôts que vous payez. »
En juillet, Dan Gertler a été accusé par deux ONG d’avoir contourné les sanctions américaines en s’appuyant sur un réseau international de blanchiment d’argent. Les deux ONG, Global Witness et la Plate-forme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique (Pplaaf), ont affirmé que Gertler et ses mandataires ont « ouvert des comptes bancaires dans les succursales congolaises d’Afriland First Bank, basée au Cameroun ». Des avocats d’Afriland ont porté plainte pour « vol de documents, violation du secret bancaire, faux et usage de faux, dénonciation calomnieuse, le tout en bande organisée ».