Les médias béninois se retrouvent aujourd’hui face à un double défi : une législation numérique perçue comme répressive et des associations professionnelles jugées inefficaces. Alors que le Code de l’information offrait une avancée en matière de liberté de la presse, le Code du numérique, adopté récemment, est considéré par beaucoup comme un obstacle à cette liberté. Ce dernier, conçu pour réguler l’espace numérique, est utilisé par les autorités pour réprimer les journalistes, créant une situation inquiétante pour la profession.
Un arsenal juridique perçu comme répressif
Le Code du numérique, en vigueur au Bénin, s’avère plus répressif que protecteur pour les journalistes. Depuis son adoption, plusieurs observateurs et organisations de défense de la presse dénoncent son utilisation pour attaquer les journalistes à travers des accusations de « harcèlement par le biais de moyens de communication électronique ». C’est le cas d’Ignace Sossou, journaliste emprisonné pour avoir relayé sur les réseaux sociaux les propos d’un procureur. Cet incident illustre les dangers liés à ce texte, qui permet aux autorités de poursuivre un journaliste pour des publications en ligne, réduisant ainsi la marge de manœuvre des professionnels des médias.
Reporters Sans Frontières (RSF), une des organisations de référence en matière de défense des journalistes, appelle à une révision de ce Code. Pour RSF, il est impératif de « réformer le Code du numérique », car il constitue « un instrument de répression de la liberté d’expression et de la presse » au Bénin. Le constat est partagé par d’autres organisations internationales, telles que la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA), qui pointe du doigt une détérioration notable des libertés de la presse dans le pays.
Les associations professionnelles des médias en retrait ?
Les attentes des journalistes envers les associations professionnelles, telles que l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB) ou le Conseil National du Patronat de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA), sont grandes. Cependant, selon certains observateurs, ces organisations peinent à défendre efficacement les droits des journalistes. Bien que des communiqués soient publiés, beaucoup estiment que ces actions ne vont pas assez loin pour protéger la presse face aux sanctions et aux menaces.
En parallèle, l’autorité de régulation continue de sanctionner sévèrement les médias jugés en infraction. Plusieurs organes de presse ont été fermés, mettant leurs employés au chômage. Cette répression contribue à créer un climat de peur parmi les professionnels des médias, limitant ainsi le développement du journalisme d’investigation, pourtant essentiel pour une démocratie saine.
Une régulation qui pèse lourd
L’autorité de régulation au Bénin joue un rôle important dans la surveillance des médias, mais son approche punitive inquiète. Avec des fermetures de médias et des journalistes au chômage, les sanctions lourdes continuent de peser sur la profession. La situation est d’autant plus préoccupante que le journalisme d’investigation, pourtant crucial pour dénoncer les abus de pouvoir, peine à s’imposer dans ce contexte de pression.
Qui protège les médias au Bénin ?
Face à cette réalité, une question persiste : qui protège les journalistes béninois ? Si le Code du numérique et les sanctions sévères de l’autorité de régulation constituent une menace, les actions limitées des associations professionnelles ne suffisent pas à rassurer. Les médias se retrouvent ainsi souvent seuls à faire face à ces difficultés, soulevant des inquiétudes quant à l’avenir de la liberté de la presse dans le pays.
Les journalistes, tout comme les citoyens béninois, ont besoin de soutien pour garantir un environnement où la liberté de presse est non seulement protégée, mais aussi respectée. Il est crucial que la société civile, les organisations internationales et les autorités béninoises travaillent ensemble pour trouver un équilibre entre régulation et protection.
Dans un contexte où la répression prend le pas sur la protection, il est essentiel que les acteurs des médias, mais aussi le public, s’engagent pour défendre la liberté de la presse. Abonnez-vous à notre site web et suivez nos pages sur les réseaux sociaux pour soutenir cette cause, rester informés et partager nos articles afin de contribuer à la défense des libertés fondamentales au Bénin.