LOUKOU Michel alias ALEKPEHANHOUN : légende de la musique traditionnelle au Bénin

Alèpkéhanhou, de son vrai nom Michel LOUCOU, est né en 1957 à Abomey. Son père est Kpanlingan (griot) et chanteur pour le roi Aho. Dernier enfant, il est bercé de chansons traditionnelles vodoun interprétées tôt les matins lors des cérémonies, et des histoires qui racontent la prouesse des rois du Royaume du Dahomey.

 

Michel est le premier enfant de ses parents à fréquenter les classes et il a une très grande facilité à assimiler les cours. Il devient instituteur en 1980 et en cette même année, il se lança dans l’aventure musicale en suivant les orientations de son père avec le rythme ZINLI.
Quelques années plus tard il demanda un départ volontaire pour se consacrer sur la musique. Il a métamorphosé le rythme ZINLI qui était utilisé autre fois uniquement pour les cérémonies de deuil à Abomey et il devient le ROI du ZINLI Rénové.

Philosophe éducateur

C’est un philosophe hors pair, un éducateur qui à travers ses chansons ont inspiré plusieurs universitaire à faire des tonnes de thèses de doctorat. Auteur de dizaines d’album, il a fait voyager le ZINLI dans le monde entier et demeure une fierté du plateau d’Abomey et du Bénin en général. Alèkpéhanhou est le premier artiste béninois à avoir reçu la distinction de  »Cassette d’or », plus haute distinction décernée dans la musique béninoise par le BUBEDRA (BUreau BEninois du DRoit d’Auteur). A cette époque, les CD n’existaient pas encore au Bénin. Il est à noter que le premier artiste à recevoir le  »Disque d’Or » dans cette catégorie est Anicet Houessou alias Anice Pépé.

Parcours de militant

Grandiloquent, il fait de la musique Zinli un véritable instrument d’Expression verbale, allant d’un artiste conteur, poète, et griot, à la critique acerbe sur des sujets de société et même quelques fois sur des personnes physiques. Ses dénonciations des abus à travers son arme unique, son art, font de lui un instituteur mal vu par ses supérieurs hiérarchiques. Cela lui vaut d’être longtemps persécuté dans l’administration, allant des sanctions ou attaques physiques, spirituelles à des sanctions sous forme administrative telles que les affectations intempestives notamment vers le Nord du pays, car sa troupe musicale est basée au Sud du pays, précisément dans le Plateau d’Abomey.

Carrière artistique

Au début des années 90, l’entrée du pays dans le nouveau régime du renouveau démocratique, lance un certain nombre de réformes, notamment pour désengorger l’administration publique et les armées suffoquées par les recrutements népostistes et favoritistes de l’ancien régime communiste en place depuis les années 70. Parmi les nouvelles mesures de désengorgement, figure le Programme du Départ Volontaire de la Fonction Publique. Alèkpéhanhou trouva alors un moyen d’échapper à ses anciens bourreaux et retrouver ainsi sa liberté dans la pratique de son art. Il fit alors la demande au programme du Départ Volontaire, quitta la Fonction Publique, et se consacra depuis lors à sa musique. Il apporta une touche particulière au rythme Zinli, longtemps vu comme une musique funèbre, en associant d’autres instruments de musique local : c’est ainsi qu’il surnomma son rythme  »Zinli rénové » dont il se fit alors le roi. De là, il réussit à faire d’une musique funèbre, celle de la réjouissance et des fêtes. Il est de ce fait, un grand promoteur des accoutrements royaux en particulier, et en général de la culture  »fon » dans ses albums.

Outre le rythme traditionnel Zinli, il sort en 2011 deux volumes d’Albums dans les rythme sacrés  »Agbotchébou » et  »Hwèdè » dans lesquels il met à l’honneur les entités Voduns Sakpata, Xèbioso… Il y fit également l’éloge des rois Guézo et Gbèhanzin, pour chanter les beau-hauts faits de ses remarquables souverains de Danxome.
Chevalier de l’ordre national du mérite du Bénin , ALEKPEHANHOUN aujourd’hui à la retraite, a laissé un héritage musical impressionnant et l’on se demande si un jour, quelqu’un pourrait vraiment dépasser cette barre très haute. Polygame, il est père d’une quinzaine d’enfants.

LOUKOU Michel ALEKPEHANHOUN, véritable légende de la musique traditionnelle Bénin. Quelle est l’une de ses chansons que vous aimez personnellement ?


Discographie

  • Sun Di Hloué Do Wêkê Dji
  • Gban We Do Gbangbé
  • Han Tlubâ
  • Pimpan Wè Zèhouè
  • Agbotchébou & Hwèdè
  • Un Hen Wen Dagbé Wa Nu Bénin Vi Le
  • Gangannagansu Kpokini
  • Kpokini
  • Djègou Djègou!
  • Sato Na Hangna
  • Lon Mon Dja Sa Gni Gbè
  • Vodoun Mlamla
  • Tché Dji Dandan

Cosme Assiogbé

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Rédacteur en Chef

Cosme Assiogbé

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