Les récentes attaques djihadistes survenues à Bamako, le 17 septembre 2024, ont ébranlé la capitale malienne, causant la mort de plus de 70 personnes, principalement des élèves gendarmes. Cette offensive, l’une des plus meurtrières depuis des années, remet en question l’efficacité des stratégies militaires adoptées par la junte au pouvoir, qui peine à endiguer la menace djihadiste dans le pays.
Un bilan lourd et des interrogations
Malgré les efforts de la junte militaire pour minimiser l’impact de ces attaques, les pertes humaines s’avèrent bien plus importantes que ce qui a été communiqué officiellement. Des sources sécuritaires font état de 77 morts et 255 blessés, alors qu’un document confidentiel évoque jusqu’à une centaine de morts. Parmi les victimes, figurent de nombreux jeunes élèves gendarmes, dont les obsèques ont été annoncées à Bamako.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida, a revendiqué l’attaque, soulignant qu’une centaine de combattants maliens et des membres du groupe Wagner, allié de la junte, auraient péri lors de l’affrontement. Cette attaque, qui a frappé le cœur de la capitale, intervient dans un contexte où le nord et le centre du Mali sont régulièrement le théâtre de violences djihadistes. Elle marque un retour des hostilités à Bamako, qui n’avait pas connu d’opération de cette envergure depuis 2016.
Un symbole de la fragilité sécuritaire
L’attaque de Bamako met en lumière les failles de la stratégie de la junte. Alors que les autorités maliennes affirment avoir renforcé leur partenariat militaire, notamment avec la Russie et le groupe Wagner, ces événements démontrent la capacité des groupes djihadistes à frapper la capitale elle-même.
Jean-Hervé Jézéquel, directeur du projet Sahel à l’International Crisis Group, souligne que cette attaque en plein cœur de Bamako envoie un message clair aux autorités maliennes : les djihadistes peuvent frapper n’importe où, y compris dans les grandes villes. Face à cette menace grandissante, de nombreuses voix réclament une meilleure protection des zones urbaines, ainsi qu’une révision des stratégies militaires, axées principalement sur des opérations dans les zones rurales.
Les réactions et la nécessité d’une nouvelle approche
Suite aux attaques, des condamnations unanimes ont été exprimées, notamment par l’Union africaine et plusieurs pays voisins du Mali. Toutefois, au sein du pays, peu de figures politiques se sont élevées contre la junte, en raison des restrictions de liberté d’expression imposées par le régime. Le quotidien malien « Nouvel Horizon » s’est toutefois démarqué en demandant des comptes aux responsables.
Ces événements mettent en évidence les limites de la réponse militaire actuelle. Les experts insistent sur la nécessité d’un dialogue politique et d’une approche plus globale pour traiter la question djihadiste, au-delà des seules opérations militaires.
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